- Les sols viticoles, des milieux perturbés
Les microarthropodes du sol, par leur action de fragmentation de la matière organique et/ou la régulation des communautés de microorganismes détritivores, participent à de nombreux processus écologiques comme la dégradation de la matière organique liée à la disponibilité des éléments minéraux et à la fertilité des sols. Ce recyclage et ce stockage de la matière organique ont également d'autres fonctions comme la régulation de l'érosion de sols ou encore le stockage de carbone dans les sols sous forme de matière organique stable ou humus.
Ces microarthropodes ont été échantillonnés sur le réseau de parcelles Bacchus à l'automne 2018 et au printemps 2019. Plusieurs indices issus de la bibliographie sur le sujet ont été calculés, le premier portant sur la diversité en taxons hébergées dans les sols résumée à une valeur de QBS-ar - pour indice de Qualité Biologique des Sols. Les valeurs obtenues sur le réseau de parcelles, pour les échantillons d'automne, sont assez faibles et révélatrices d'une perturbation importante des horizons de sols dans les parcelles viticoles. Néanmoins, aucune différence significative n’a été constaté entre les valeurs de QBS des parcelles en fonction de leur mode de conduite ou de la gestion de l’enherbement.
- Les collemboles, sensibles aux concentrations de cuivre et au travail du sol
Parmi ces microarthropodes du sol, les collemboles (Hexapoda Entognatha) sont un taxon particulièrement étudié pour ces qualités de bio indicateur de perturbation mais aussi dans le cadre de l'homologation des produits phytosanitaires. Sur les 20 parcelles où les déterminations au niveau de l'espèce ont pu être réalisées (travail en cours), 31 espèces ont été déterminées, signe d'une grande diversité de ce taxon au sein des vignobles bordelais. Une première tendance observée et représentée sur la figure à gauche ci-dessous montre un effet de toxicité du cuivre dans les horizons superficiels des parcelles avec une diminution de la diversité (nombre d'espèces) de ces collemboles liée à l'accroissement de la concentration en cuivre.
La perturbation induite par le travail du sol (figure de droite ci-dessus) semble également jouer un rôle sur la structure des communautés de collemboles avec une richesse spécifique plus élevée constatée dans les parcelles totalement enherbées comparées aux parcelles enherbées 1 rang sur 2. Ces résultats, préliminaires car uniquement constatés sur un jeu de données incomplet, seront à confirmer avec les analyses réalisées sur l'ensemble des échantillons collectés.
Ces déterminations ont été réalisées lors du stage de Jim Carbonel-Rabocelli à Bordeaux Sciences Agro, encadré par Brice Giffard et financé dans le cadre du projet Phytae conduit par Vitinnov et Bordeaux Sciences Agro sur l'appellation Margaux.